Cave-Nerve

Le nain se retourne vivement vers Jotun, les yeux braqué sur lui, les lèvres tremblant de colère, la barbe pleine de sable.
"Oh ! Vous, pas la peine de la rammener !"
Il a l'air de se calmer un peu, ses yeux cessent de jeter des éclairs, au fur et à mesure que les jets de vapeurs cessent de siffler et d'emplir la pièce. Le sable retombe, et Vessol retourne au calme.
"Hum... pardon, je voulais dire : je ne sais pas quel est ce phénomène étrange, mais on dirait que votre ami le gnoll à poil ras en a profité pour nous fausser compagnie. Et vous m'avez menti, au passage. On dirait que vous ne me faites pas confiance. Je vais finir par croire qu'il faudra torturer cette éladrine sous vos yeux pour que vous m'accordiez un peu de crédit."
Les autres nains de son escorte se rassemblent tant bien que mal, ils ont les yeux pleins de larmes et semblent avoir du mal à marcher droit.
"Bon, allez, très bien, nous nous sommes bien amusé, fichons le camp d'ici, on nous attend depuis bien assez longtemps."

En souvenir du gnoll, le nuage de lumières aveuglante continue d'illuminer Vessol, projetant des lueurs lugubres dans tous les recoins de la caverne. Jotun la voit pour la première fois dans son intégralité. Elle est gigentesque.
Il voit à nouveau les grandes panses pendant du plafond, et les six mares entourant le lac central, ainsi que les champs de coquillages.

"Très bien, puisque vous me permettez de jouer cartes sur table, alors je vais vous annoncer quelques chose que je redoutais un peu de vous apprendre : il va falloir souffrir énormément pour atteindre votre amie. Mais ne vous inquiétez pas, nous sommes tous passé par là. C'est ce qui explique que nous aillons le teint si cireux. Allons, montons vers Corylle.
Ce qui se passe à Vessol ne m'interesse pas le moins du monde.
Et... hum... je pesne que j'en sais bien plus que vous sur ce qui se passe ici, alors ne pensez pas que je sois dépassé. Nous retrouverons votre ami. De toute façon, à part ce trou maigrichon dans le plafond de Vessol, il n'y a pas d'issue à Cave-Nerve. Même notre dieu en cherche une, pour tout vous dire..."

Le nain n'en dit pas plus, il fait signe aux gardes, et tous les nains lui emboîtent le pas, formant une colonne ressemblant plus ou moins à une rangée de dents (poilues) tant il est vrai que ces nains sont pâles.
L'un des nains, qui porte un énorme sac sur l'épaule et une blessure que lui a fait le gnoll, s'approche de Jotun.
"Permettez ? Je vais regarder votre bras pendant que nous cheminons vers Coerylle. Je ne pense pas que vous ayez les même réseaux de veines que nous autres les nains, ça risque de poser des problèmes, mais je veux vérifier."

Alors que le petit groupe remonte l'Artranche vers Coerylle, Jotun peut voir dans un coin une sorte de petite chute d'eau. Les nains passent devant sans y faire attention, mais Jotun peut l'observer. Il s'aperçoit qu'elle est grise et vaporeuse, avec un panache légèrement brillante. Elle dégouline d'un point fixe, qui flotte dans l'air à hauteur du genou. Sous les yeux du tieffelin, elle se tarit doucement puis disparait complètement, dans un petit tintement qui ressemble à un sanglot enfantin.

Le nain qui observe le bras de Jotun se gratte sa barbe épaisse, et se parle à lui-même à voix basse, avec un air soucieux sur le visage.
"Mmmm... bien sûr, il pose les mêmes soucis que les deux humains. Sa chair est épaisse, et ses veines sont toutes fines. J'ai peur qu'on ne perde encore un élément. Ce serait facheux. Les cri de l'autre m'ont fait mal aux tympans. <quelques palabres en nain>
(il s'éclaircit la voix et parle plus fort, s'adressant à Jotun) Hum, mon cher ami, j'espère que vous êtes bien nourri et résistant. Vous allez passer un sale moment.
Pour votre histoire d'homme aux yeux solaires, ça ne me dit rien du tout. (il secoue la tête, faisant rouler les longues boucles de sa barbe brune) Ma charge m'oblige à bien connaître chaque recoin de Cave-Nerve, mais jamais je n'ai entendu parler d'un tel individu. Désolé."

[Vessol]

Ranulf revient vers Coerylle, son maître a fait une diversion pour qu'il puisse s'échapper, qui plus est, il lui a confisqué sa bougie, dommage, il aurait bien voulu l'allumer pour voir si il y aurait eu un effet, Ranulf piétine il se demande ce qu'il va faire maintenant, il réfléchit préoccupé par ce que lui a dit son maître, il faut absolument qu'il découvre ce que manigance les nains, peut être en capturer un pour le faire parler.

Ranulf est étonné de ne voir sur le sol froid de Coerylle que le cadavre d'un seul nain. L'autre n'est plus là.

De plus, une odeur vivace de décomposition plane dans l'air.
Pas seulement celle du pauvre minuscule machabbé restant. Non, cette odeur est porteuse des parfums d'un autre temps, de délicats encens et de viscère se décomposant.

Le gnoll entend déjà venir la troupe des nains, qui remonte de Vessol.
Mais une fois de plus, un problème plus urgent se pose à lui : Coerylle est plongée dans les ténèbres. C'est très oppressant. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Ranulf aimerait avoir une petite ouverture vers le ciel au-dessus de lui. Là, il a l'impression qu'on a refermé sa tombe sur lui.

[/Coerylle]
Ranulf voit des lueurs au bout de la galerie, et franchit les derniers mètres qui le sépare de Euso-salle à grande vitesse sous sa forme de nappe de lumière. Il s'aperçoit que même sous cette forme, il sent les picotements de l'obscurité le démanger.

Mais le foyer central brûle toujours à Euso-salle. Il éclaire les murs d'une lueur rougeoyante. Une dizaine ne nains sont là, leurs petites silouhettes ramassées font des ombres torturées sur les murs de la caverne. Ils ont l'air de discuter, après avoir souper frugalement. Au loin, derrière eux, le vampire aperçoit une multitude d'ouvertures menant vers des cavernes sombres. Deux nains ont l'être de traîner là-bas, ils ont l'air de jouer aux dés à l'entrée d'une de ces cavernes, à la maigre lueur d'une bougie.

Les nains discutent dans leur dialect, et Ranulf ne comprend pas ce qu'ils disent. Sans doute des banalités, au vu du ton de leur conversation. Une bête conversation de fin de dîner.

Les nains froncent les sourcils en voyant s'approcher la nappe de lumière. Ils clignent des yeux dans la pénombre. La lumière de leur bougie leur donne des têtes de gargouilles barbues et grimaçantes.
Ils ont l'air de jouer avec de gros godets de pierre et des dés grossiers en bois, assis sur une couverture de laine miteuse.
Derrière eux s'ouvre une grande caverne sombre et puante.

La nain a l'air désolé. Il fronce ses grands sourcils brousailleux et cherche ses mots.
"Hein ? ... Oh, oui, euh... il va sans doute falloir vous vider d'une grande partie de votre sang, effectivement.
C'est-à-dire que le repère de l'ancien habitant des lieux n'est pas aisé à pénétrer. Le dragon qui vivait ici avant était très intelligent. Et très isolationniste. Il a bouclé l'entrée de son sanctuaire à quiconque n'a pas le sang froid comme lui.
Nos prêtres, comme Nibelung-le-jeune peuvent refroidir votre sang par leur magie, mais seulement si vous n'en avez pas de trop grande quantité à l'intérieur de votre corps.
La première opération pour aller dans les petits quartiers du dragons, c'est donc de se vider d'une grande quantité de sang. Mais ce système est parfaitement au point à l'heure actuelle. C'est extrèmement douloureux, mais nous ne perdons plus les sujets en cours de traitement. Hum... d'habitude. (il a l'air gêné)
Ensuite, on gèlera les sang qui vous restera dans les veines et on prononçant un simple mot de passe, vous passerez de l'autre côté de Coerylle. C'est un endroit que l'on appelle Coerylle-gauche.
Moi, je suis juste le 'passeur'. On m'appelle comme ça. Je ne suis jamais passé de l'autre côté, mais j'ai dans ce sac le matériel indispensable pour l'opération de vidage."

Les pensées adressées au petits dragons restent sans réponse.

Ranulf se pose sur la couverture juste entre eux deux, il sent leurs yeux braqués sur lui, alors il reprend sa forme de gnoll et les attaque de façon rapide, en fait, il en prend un par le cou et lui fait rencontrer la figure de son compagnon, visant le nez, afin de les sonner tous les deux.

[Attaque sournoise.]

"Hum... oui, bien sûr, bien sûr.
Mais ce n'est pas à moi qu'il faut poser ces questions. Je ne sais même pas dans quel état vous apparaîtrez à Coerylle-gauche"

Le nain ment mal et Jotun le voit tout de suite. Il sait ce qui se trame à Coerylle-gauche.
Mais avant que le tieffelin n'ait le temps de poser d'autres questions, le petit groupe arrive à Coerylle.

Il y a un deux petits cris étouffés de surprise, suivis d'un petit craquement, et les deux nains tombent au sol, passablement sonnés.

[coerylle]

Ranulf s'approche d'un des nains ses griffes s'allongent de façon surprenante, il les plante alors dans la tête de sa victime essayant de pomper toute sa volonté.

[Création de rejeton.]

Nibelung ôte sa longue toge bleue. Son torse est recouvert de tatouages effrayants. Il saisit dans une petite bourse qui pend à sa ceinture quelques cailloux blancs.
"Allez, on va pas y passer la journée. Passeur, on commence par le tieffelin.
(se tournant vers Jotun) Tout ce que tu as à faire, c'est de te laisser conduire. J'ai déjà mené le rituel de glaciation des dizaines de fois, et le passeur est très compétent pour soutirer juste ce qu'il faut. Si tu es détendu, ça se passera mieux, ton sang sera moins bouillant."
Le nain avec qui Jotun parlait acquièce et sort avec empressement de son sac une sorte de camisole de cuir. Elle risque d'être un peu petite pour Jotun.
"Euh... enfilez ça, sinon vous risquez de gesticuler et d'en mettre partout."

Les longues griffes de Ranulf rentrent comme dans du beurre dans le crâne du nain. Le gnoll plonge son esprit dans celui de la petite persone assomée.
La tête est comme une grosse cuve sombre. S'y croisent de nombreuses pensées en perdition. Des cauchemards qui crépitent dans la pénombre, des espoirs qui gémissent dans le noir, des connaissances ennuyeuses qui tentent de s'accrocher à l'esprit de Ranulf et des amours qui scintillent comme des cristaux coupants.
Au détour des méandres de l'esprit du nain, Ranulf rencontre le moi onirique de sa victime : un petit nain barbu, brun, bedonnant et bredouillant, qui tient à la main une petite bougie qui finit de se consummer.
¤Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ?¤