Cave-Nerve

Le coffret ne sera pas resté très longtemps scellé : Ranulf soulève son couvercle, ne sachant pas ce qui va en surgir.
Tous les nains ont les yeux braqués sur le coffret. L'un des gardes saute même de côté pour éviter une éventuelle explosion.
... mais rien ne se passe. Polyphène cligne des yeux et commence à ricaner nerveusement. Les autres nains aussi se retiennent de rire.
"C'est cela le pouvoir des gnolls ?"
"Messire gnoll, vous souhaitiez acheter vos études de magie avec ceci ? Vous avez interrompu notre partie d'une importance capitale pour nous apporter cette ... farce ?"
La boîte est vide. Il y a juste un petit billet posé au fond, sur lequel il est écrit 'merci' d'une grosse écriture maladroite.

Polyphène semble soudainement réfléchir. Ses sourcils se froncent et il se gratte la barbe. Tout à coup, son visage blêmit encore davantage, et il s'emporte :
"Attendez ! C'est une diversion ! L'éladrine, où est-elle passée ?"
Il se tourne vers la bulle de lumière où se tenait Sophia peu de temps auparavant. Ses yeux s'aggrandissent.
"Elle s'est enfuie ! L'éladrine est partie... tout est fichu ! Retrouvez-la immédiatement !"
Tous les nains partent tous en volant à toute vitesse avec leurs armes, en se disperçant dans toutes les directions. Ne restent que Ranulf, Jotun et Polyphène.

La nain tombe à genoux sur le sol de pierres et semble complètement dépité. D'une vois douce, il se lamente pitoyablement : "Ce plan était vraiment nul, dans le fond. Aaaah... que l'esprit humain est difficile à contrôler, parfois... Qui peut prétendre pouvoir dominer autrui ?"

Il reste aussi la machine bizarre. Elle émet des bruits de plus en plus étranges. Les liquides à l'intérieur ont tous viré à des teintes bariolées et les rouages tournent à une vitesse fulgurante.
Polyphène se lève en silence et va lentement régler à nouveau le mécanisme compliqué. Il soupire profondément.

Ranulf en avait marre des questions, il fallait agir et pis ces petits salopards s'étaient foutu de lui ils allaient voir ce qu'il en coûte. Etant désormais seul avec Polyphène et Jotun, Ranulf s'approche rapidement par derrière tout près du nain, il remonte alors sa griffe puis tente de lui planter dans le crane avant même que celui-ci est pu répondre à Jotun.

[Attaque sournoise--> Attaque de griffe]

Polyphène ne s'attendait pas du tout à une telle réaction du gnoll. D'ailleurs, il ne voit même pas le coup venir et les griffes de Ranulf se plantent en crépitant dans le crâne du nain. Cette blessure vicieuse se referme aussitôt que le vampire retire sa main, mais elle laisse le nain tout tremblant. [il gagne 11 pv]

Il se retourne aussitôt et secoue la tête pour retrouver ses esprits.
"Halte là ! Que signifie cette agression ? Vous manipulez l'énergie positive, en plus ? Vraiment, vous êtes ignoble !
Vous n'avez pas à m'accabler, tous les deux. Vous, le gnoll, je peux vous contrôler à ma guise, ne m'approchez plus. Vous, tieffelin, je n'ai pas de compte à vous rendre. Déguerpissez tant que votre présence ne m'importune pas trop. Vous ne m'avez rien apporter de bon, vous et votre amie. Elle a probablement quitté sa bulle de lumière pour s'enfuir. A l'heure actuelle, elle dérive, totalement privée d'éclairage, dans les profondes ténèbres de Coerylle-gauche. Et croyez moi, en dehors de zones que nous contrôlons, cet endroit est une vraie ménagerie de cauchemards. Vous ne la verrez plus, tieffelin, mais si vous restez ici, vous l'entendrez bientôt crier.
Maintenant, laissez moi tranquille, pauvres fous. Trouvez Nibelung et dites-lui de vous faire sortir d'ici. Moi, j'ai des choses à faire. Vous, vous n'avez plus rien à faire ici."

Le nain fait face aux deux compagnons, il est prêt à se battre si on l'attaque à nouveau. Ranulf sent que s'il fait un geste déplacé, il peut tomber sous le joug du prêtre.
En même temps, le gnoll est rapide, et il sent que le coeur du prêtre est assez fragile pour lâcher rapidement si on lui envoie trop de décharges d'énergie.

- "Voila donc votre vrai visage, je préfère la franchise de Nibelung. Le tieffelin fit mine de lever les bras au ciel en s'approchant de la machine. MAIS SUR QUI SOMMES NOUS TOMBES ! Le tieffelin dégaina son cimeterre puis d'un mouvement ample et circulaire il essaya de lacérer la machine.

Pendant que Jotun fit diversion en attaquant la machine, Ranulf quand à lui se jeta sur le nain à pleine vitesse, puis tenta de lui replanter ses griffes dans le torse.
"AAAAH JE VAIS TE TUER, TU N'Y RESISTERAS PAS CETTE FOIS."
Il sentait que le coeur du nain était au bout de la course, une dernière griffure et il serait mort.

[Attaque de griffe]

La machine est composée principalement d'alambics et de récipients en verre. Jotun peut donc la saccager en quelques coups de cimetère.
Dès sa première attaque, Jotun détruit toute une série de tubes bouillonants et tranche une courroi de transmition, répendant des fluides multicolores un peu partout (ils ne tombent pas, mais restent en suspension dans l'air) et stoppant la machine qui tournait à plein régime.

Voir son bijou ainsi attaqué rend Polyphène fou de rage. Il tremble et ses yeux s'injecte du peu de sang qui doit rester dans son corps. Ranulf n'a même pas le temps de griffer le nain, qu'il sent le regard furieux du prêtre se poser sur lui. Il y a comme un glissement dans sa tête, et son esprit est remplacé par celui de Polyphène. [contrôle des morts-vivants]
"Allez, gnoll, soit sage et arrête plutôt ce vaurien de tieffelin !"

Polyphène porte alors son regard vers Jotun et semble se calmer un peu.
"Restez tranquille, vous. Si vous voulez des explication, d'accord, mais éloingnez-vous du réceptacle à émotions et rengainez votre épée."
Si Jotun cesse son attaque, il fait signe à Ranulf de rester lui aussi en retrait.

Pendant que le nain s'engage enfin à discuter, Jotun sent à nouveau quelques chose de vivant et gluant se faufiler derrière lui et se poser sur sa colonne vertébrale juste le temps d'une glaciale caresse.

Le nain secoue la tête.
"Non, je ne relacherai pas mon emprise sur votre ami. Il m'a porté un sale coup à la tête et ne semble pas beaucoup plus calme que vous. (il sert les dents) Regardez ce que vous avez fait ! Vous avez détruit une grande quantité des fluides !
Mmfff... Je vais vous expliquer, mais tachez d'être réceptif, parce que je ne répèterai pas trois fois.
Pour commencer, Cave-Nerve (même si ce n'est pas le vrai nom de ces cavernes) est l'ancienne tanière d'un clan de dragons du désert. Mais il y a très longtemps, quelques chose (je ne sais pas quoi, une maladie, la magie, la guerre sanglante ?) a éradiqué les dragons qui vivaient ici.
Tous ont péri. Ce que nous cherchons, nous autre les nains, c'est juste à en réanimer un. En fait, c'est plus exactement mon commanditaire, le marquis de Corode, un personnage très influent, qui souhaite posséder un grand dragon adulte dans les plus brefs délais.
Nous avons localisé après bien des recherches la dépouille du plus grand dragon de Cave-Nerve : il s'agit de cette immense charpente sous laquelle nous sommes. (Jotun se rend compte que les colonnes blanches et luisantes qui l'entourent pourraient bien être des vertèbres immenses... pour le reste, imposible de voir le squelette en entier à cause du manque de lumière.) Nous comptons mener à bien un rituel nécromantique pour réanimer cet immense lézard. Mais ramener une telle chose à la vie n'est pas aussi simple que de zombifier un minuscule gnoll. Nous aurons besoin d'une magie très puissante. C'est à cela que travaillent les nains que vous avez pu voir dans les pièces voisines. Ils forgent, animent, créent, écrivent, collectent toutes sorte d'éléments qui auront un rôle à jouer lors du rituel.
Mais ici, je prépare personnelement quelques chose de très important. De primordial, même. Grâce à la machine que vous avez laminé, je tente d'établir un subtil mélange d'émotions ...pour recréer toute la complexité d'un esprit draconique. J'extrais simplement les sensations des personnes aux alentours. Ca ne fait pas mal, et ça n'est en aucun cas une privation... Mais nous autres, nains, avons bien mérité notre réputation de coeur de pierre. Aucun de mes colaborateurs n'est capable de sentiments assez purs pour obtenir ce que je cherche. A mon grand malheur, il a donc fallu faire appel à des sujets extérieurs.
Nibelung s'est chargé d'extraire beaucoup de peurs et d'angoisses. Il faut que le dragons que nous allons créer soit très craintif, voyez-vous. Enfin, pas un gros trouillard, mais il faut qu'il nous craigne, nous, ses géniteurs. Je ne vous dirais pas comment Nibelung s'y est pris, mais ce nain est ignoble, et beaucoup de gens sont mort sur cette même table où nous jouions aux dés, agonisant au milieu des rires de mon auxiliaire.
Mais vous et votre amie deviez apporter autre chose à mon mélange : l'espoir. Je vous ai fait attendre et miroiter une libération de l'éladrine juste pour obtenir ce précieux fluide. J'en ai cueilli un peu, mais à cause de tout le remue-méninge qui a eut lieu depuis, j'ai bien peur que ces goutelettes d'espoir ne se soit évaporer... Le réceptacle à émotions est très sensible, et la moindre émotion violente brouille son contenu.
Voila, vous savez tout, je crois. Il me reste à vous dire que ce rituel doit avoir lieu très prochainement pour profiter d'une conjoncture astrale tès spécifique. Vous voyez que je ne vous veux aucun mal. C'est juste que pour garder les sentiments purs, il faut qu'ils soient produits inconsciemment. Vous n'êtes donc plus une source potable. Je vais vous aider à rentrer chez vous sereinement.
Quant à votre amie, il faut me croire. Je ne voulais pas sa perte, et mes nains vont tout faire pour la retrouver. Mais si elle a quitté sa bulle de lumière, non seulement il est impossible de la voir, mais en plus, elle court le risque de croiser une des multiples créature abominable qui arpente Coerylle-gauche. Ce ne sera pas une fin très enviable, mais au moins ne verra-t-elle pas son assassin."

"Humfff... pauvre petite boule de courage, tu ne trouveras que ta fin à Coerylle-gauche; et même si tu t'en sors, jamais tu ne tireras ton amie des ténèbres. Quand tes yeux auront oublié le picotement de la lumière, quand ta gorge ne saura plus le goût des choses et ne sera plus qu'un puit sec et muet, quand tes oreilles auront perdu l'habitude des sons, quand ton imagination ne sera plus qu'une page noire, et que tu ne sauras même plus qui du haut ou du bas est face à toi, alors tu seras aussi mort que si tu avais tranché chaque cordon de ton corps qui te relie à ce qui est beau.
Il n'y a rien à Coerylle-gauche. A part tes peurs, ta perte et la pourriture de tes prédecesseurs.
Je t'offre de quitter cet endroit, et tu t'obstines à vouloir l'arpenter ? Très bien, tu mourras sans tombe, et personne, à part les nains ne se rapellera de toi. Et encore, les fils de la terre diront de ta mémoire : 'Bah, ca n'était qu'un fou et son bouffon de gnoll trop obstinés. Espérons que jamais un de nos enfants ne suivent leurs pas.'

Adieu, donc. Jamais nous ne nous reverrons. J'accepte de libérer ton compagnon. Mais je ne le fais pas par pitié. Lui, il mérite de finir ses jours dans les profondeurs de Coerylle-gauche."

Ranulf sent que Polyphène libère son corps de son emprise. Il est à nouveau libre, mais le nain ne le quitte pas des yeux.

Comme les deux compagnons s'en étaient déjà aperçu, Coerylle-gauche, en dehors des quelques bulles de lumières de ça de là n'est qu'une immensité noire et calme.
Le vampire en particulier frémit devant cette étendue de ténèbres sans frontière. Pour lui, c'est comme un cauchemard, puisque sans sa minuscule bulle, il serait pris par le noir... et donc par la mort.

En allant vers l'endroit où se trouvait Sophia la dernière fois qu'ils l'ont vu, Jotun et Ranulf croisent quelques coffres au trésor débordants de pièces issues des âges les plus anciens du monde, de gemmes qui ont cessé depuis longtemps de briller et de toute sorte de bijoux et de statuettes couverts de poussière.
Ce spectacle est aussi mort et silencieux que si Coerylle-gauche était engloutie sous l'eau.
D'ailleurs, on voit parfois, en lisière des bulles de lumière, des yeux aussi morts et lisses que ceux de poissons. Il sont incrustés dans des visages aussi dures et gris que si c'était des rochers. Des créatures, toutes petites, épient Jotun et Ranulf. Elels sont apparues progressivement depuis que les deux aventuriers ont quitté Polyphène. Elles restent juste hors de portée des lumières des deux compagnons.
Leur voix est douce comme le glissement de l'eau sur le fil d'un couteau.
"Faites demi-tour !"
"Fuyez !"
"Courez !"
"Déperpissez sans vous retourner !"
"Si il vous reste encore un chez vous, retournez-y vite !"
"Oui, car ici, c'est le domaine du calamar."

Ayant reprit sa volonté Ranulf respire un peu mieux il aurait bien voulu comme Jotun arracher les tripes du nain, après tout c'était sa faut si ils étaient piégés ici.
Désormais ils avançaient dans le noir et entendaient des voix qui leur parlaient, leur disant de fuir le royaume du calamar, Ranulf se tourna vers Jotun, jetant un vif coup d'oeil sur les créatures.
"Tu entends cela ? Cet endroit commence à me foutre la trouille, j'aimerais bien qu'on dégage d'ici."
Toute cette obscurité le terrifiait terriblement, vivement qu'ils rejoignent la surface.

Ranulf regarde Jotun, sourire aux lèvres.
"Ben si il peut contrôler les morts, c'est que je dois en être un, non ? Mais on discutera de mon cas plus tard, j'ai pas envie de m'éterniser ici, alors on retrouve ta copine et on se casse, et pis crois pas que tu vas te débarrasser de moi comme ça, n'oublies pas que tu m'a promis de me former à l'art magique."
C'est vrai, il avait aucune envie de retourner la bàs, sure que Polyphène avait fouillé dans son cerveau, POUAH !!!

Ranulf reprit sa marche aux côtés de Jotun, regardant de tous côtés, il restait sur ses gardes, parfois il marchait de biais puis scrutait plus loin pour voir ce qu'il y avait. Puis il eut l'idée de se transformer en lumière, peut être qu'ils bénéficieraient de plus d'éclairage avec la lueur que produirait son corps.
"Je vais tenter de nous éclairer un peu plus, si j'y arrive, vu qu'ici il fait vachement sombre."
Il se concentra puis tenta la métamorphose.
[Transformation en lumière]

La tentative de Ranulf est vouée à l'échec : à Coerylle, nulle clarté ne peut porter au-delà des bulles de lumière.
Lorsque le gnoll tente de se transformer, il y parvient, mais sous sa forme lumineuse, il est bloqué contre les parois de sa bulle.

Cependant, la transformation du gnoll provoque une certain agitation chez les créatures en marge des bulles des deux aventuriers : elles bougent en tout sens, faisant apparaître parfois leurs face rugueuse, parfois leurs queue de poisson, parfois leur corps écailleux et terne à la lumière.
Les deux aventuriers arrivent à deviner que ces petits êtres ressemblent à des poissons avec des têtes de lutin et de courts bras griffus.Leurs corps sont strillés de crevasses sombres, et leur visages sont sans expression.
Ils tournent autour de Jotun et Ranulf en décrivant des cercles gracieux dans les airs. Mais leur paroles sont menaçantes.
"Vous allez à votre perte."
"Calamar est si puissant qu'il a déjà fendu la terre."
"Et il a fendu aussi des étoiles et des soleils."
"Il a aussi déjà fendu la face d'un dieu."
"Il a surtout fendu la lumière vive."
"Et chaque écharde qui s'est échappée des chocs a pris vie."
"Ces éclats, c'est nous, et nous obéissons à Calamar."
"Nous pouvons vous conduire à lui."
"Au oui, petits êtres clairs, nous vous mèneront à sa cours."
"... Si vous nous payez pour ça !"

Des dizaines de petits yeux vides scrutent le gnoll et le tieffelin, juste ne marge des bulles. Des dizaines de petites bouches terreuses s'ouvrent ensemble pour réclamer :
"Il faut nous payer pour ça !"

Ranulf reprend sa forme de gnoll, se mettant en garde face aux créatures, il dit à Jotun.
"Payer pour ce faire bouffer ? Il manquait plus que ça, et pis oui, faut donner quoi d'abord on a pas d'argent."
Il grogne face aux créatures, fâché que sa forme lumineuse ne puisse pas les aider plus.

Il y a un grand silence. Les têtes de poisson restent juste en marge des bulles, fixant Ranulf et Jotun de leurs yeux mornes.
"Vous ne venez pas d'ici, pas vrai ?"
"Vous êtes nés ailleurs."
"Dans un endroit lumineux."
"Oui, avec un soleil et un ciel, sans doute."
"L'argent ne nous interesse pas."
"La nourriture ne nous interesse pas."
"Toutes vos armes et vos vêtements n'ont pas d'intêret non plus."
"Mais vous possédez quelques chose qui nous interesse."
"Oui, nous convoitons quelques chose."
"Nous toutes, nous le voulons."
"Juste pour nous."
"Nous en rêvons parfois, et nous en discutons dans le noir."
"Et vous pouvez nous le donner."
Toute les bouches s'ouvrent en même temps et articulent lentement :
"La lu-mi-è-re !"
Et soudain, les créatures reprennent leur agitation en tourbillonant autour des deux compères.
"Oui, nous sommes complètement aveugles."
"Et nous avons perdu la lumière."
"Mais nous ne sommes pas sourdes."
"Nous entendons les battements de vos coeurs."
"Nous percevons les cliquetis de vos armes."
"Nous savons que vous avez envie de le voir."
"Dites-nous comment c'est la lumière."
"Oh oui, racontez, racontez, à quoi ressemble-t-elle ?"
"Nous vous écouterons attentivement."
"Commes des enfants écoutent leur mère."
"Et si nous revoyons la lumière, alors nous vous laisserons passer."
"Sinon, tant pis."
"Oui, tant pis, nous vous avalerons."
"Comme les ténèbres nous ont avalées."